Le culte des saints et les procédures utilisées dans ses préparatifs sont souvent ambigus.
Cette forme de religiosité-la vénération des saints- a été et reste très répandue dans le monde catholique.
Tout en respectant les sentiments religieux des fidèles catholiques, nous pensons que le culte des saints doit être fondé sur l’Evangile.
« We are Church » a adopté une approche critique de ce culte particulièrement ces dernières années alors que la majorité des saints récemment proclamés étaient des membres de communautés religieuses, spécialement leurs fondateurs. La préférence était toujours donnée aux religieux des tendances conservatrices à l’intérieur de notre Eglise.
Les canonisations répétées de papes récents sont une cause supplémentaire de notre inquiétude. Cela apparaît comme devenant une pratique politique utilisée par le Vatican pour renforcer le prestige et le pouvoir de la papauté.
Pourtant cela ne signifie pas que nous ne devrions pas honorer les chrétiens qui furent de grands témoins de l’Evangile, comme le fut Oscar Romero, l’archevêque de San Salvador assassiné.
Notre joie pour Saint Romero
Par la pensée et la prière, nous participerons le 23 Mai aux grandes manifestations de joie du peuple de El Salvador.
Mgr Romero a été vénéré par son peuple peu de temps après son meurtre. Sa tombe est devenue lieu de pèlerinage et il devint rapidement « Saint Romero des Amériques » et « Saint Romero du monde ».
Romero a été considéré comme saint au sens véritable dans le monde catholique.
Cependant, après avoir été ignoré pendant 35 ans par l’Eglise Officielle, il revenait au pape François lui-même originaire d’Amérique Latine de reconnaître finalement le martyre d’Oscar Romero.
A la fois au Vatican et en El Salvador, pendant plus de 35 ans, des forces puissantes ont réussi à étouffer toute reconnaissance de Mgr Romero alors d’autres communautés chrétiennes le célébraient. Ainsi l’Eglise Anglicane a placé son effigie parmi les grands prophètes de notre époque à Westminster Abbey à Londres.
Mgr Romero est un symbole planétaire d’une vie de foi engagée dans la défense des opprimés et à se faire la voix des sans voix.
Romero représente tous les martyrs de l’Amérique Latine du dernier demi-siècle, comprenant des milliers de religieuses, de leaders paysans, de leaders de communautés, de prêtres et évêques tués par des régimes se proclamant catholiques.
Mgr Romero nous a montré une autre manière d’être Eglise. Il a rendu la religiosité traditionnelle et populaire de son peuple compatible avec la défense des opprimés, et avec la résistance à la violence et à l’oppression.
Peu de temps après sa nomination comme archevêque de San Salvador, la mort de son ami jésuite Rutilio Grande et de ses compagnons a conduit Romero à défier le Gouvernement de El Salvador en refusant d’être présent à l’installation de son Président et en célébrant seulement une messe la semaine suivante pendant laquelle il dénonça le meurtre du frère Grande et ceux de nombreux catéchistes.
Pendant les trois années suivantes, Romero s’est dressé pour les droits de son peuple contre une répression grandissante de la part de l’Armée du Salvador et ses escadrons de la mort soutenus par les USA.
Ainsi Mgr Romero n’était pas seulement un lecteur de la Théologie de la Libération, mais la mettait en pratique dans sa vie.
Romero fut un signe de contradiction et doit le rester
« We are Church » participe avec joie et dans l’esprit à ce moment important pour notre Eglise, et pour toutes les Eglises :
Il est important de réaliser que Romero n’a pas été assassiné par des athées ou pratiquants d’une autre religion.
Sa mort est un exemple de martyre « in odium fidei » (haine de la foi) alors qu’il a été assassiné par d’autres catholiques qui allaient à la messe, qui se considéraient comme véritables croyants de l’Evangile et qui voulaient défendre Dieu et les « valeurs » catholiques.
Romero doit rester dans l’Eglise et dans la société d’abord comme un fidèle compagnon de Jésus de Nazareth qui dénonçait ouvertement et fièrement les injustices de son temps et exigeait la justice pour son peuple.
De même que Jésus, Romero paya de sa vie son combat pour la justice et la vérité.
Romero reste un témoin de l’Evangile et une inspiration pour cette génération de chrétiens et de fait pour tous les futurs fidèles de Jésus.
Rome, Mai 2015
International Movement We Are Church (IMWAC)